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Le syndrome de l’imposteur, comment s’en libérer ?

Le syndrome de l'imposteur touche actuellement 7 Français sur 10

“Si j’ai obtenu de bons résultats, c’est un gros coup de bol.” – “Sur ce projet, les autres font forcément mieux que moi.” – “Ah mais oui, il a raison. Je n’y avais pas pensé, une fois de plus.” 

Autant de remarques qui vont traverser l’esprit de certaines personnes, victimes du syndrôme de l’imposteur.  Selon le Journal of Behavioral Science, 70 % d’entre nous vont l’éprouver à un moment de leur vie. Cependant, il n’est pas une fatalité, ni un mal incurable. Dirigeants, RH, managers, tous ont un rôle à jouer et disposent de nombreux leviers afin de contrer ce phénomène.

Pour évoquer le sujet, nous avons consulté Marie Barbier (DRH chez Morning) qui revient sur l’impact du syndrome de l’imposteur sur l’entreprise et les différents conseils pratiques pour s’en affranchir. 

Les 4 syndromes de l’imposteur  

Les personnes atteintes du syndrome de l’imposteur – appelé aussi « phénomène de l’imposteur » ou « expérience de l’imposture » – vont exprimer un doute systématique qui revient à nier la propriété de tout accomplissement personnel. Elles vont rejeter le mérite lié à leur travail et attribuer le succès de leurs entreprises à des éléments qui leur sont extérieurs (les autres, la chance, les circonstances).  

Formalisé par les psychologues Pauline Rose Clance et Suzanne Imes en 1978 (auprès d’un échantillon de 150 femmes), le syndrome de l’imposteur est nourri par quatre comportements sous-jacents :

1/ Des travailleurs acharnés. Craignant d’être considéré en escroc, les individus concernés doivent rattraper un faux retard intellectuel lié à leur perception de l’écart entre leur intellect et leur intellect vu par autrui. 

2/ Des silencieux masqués. Les victimes du syndrome ne parlent pas de leurs véritables sentiments ou idées, elles préfèrent raconter ce qu’elles imaginent être en accord avec ce que pensent leurs supérieurs. Ainsi, personne ne peut les critiquer. Ils sont si compréhensifs qu’ils deviennent inattaquables.

3/ De remarquables charmeurs. Pour gagner la faveur de ses supérieurs pour être reconnu comme élève « star », l’imposteur va jouer un rôle. Malheureusement, après validation par ses pairs, il va commencer à remettre en question ses capacités, pensant que la validation a été obtenue grâce à ses capacités d’acteur, non à ses réelles capacités. Un cercle assez peu vertueux va s’enclencher. 

4/ Des modestes devant l’éternel. Chez l’imposteur, la modestie est reine. En évitant de montrer sa confiance en soi, personne ne peut le défier sur son intellect ou ses idées. Ainsi, les conflits et les confrontations sont évités.

Le syndrome de l’imposteur : 7 Français sur 10 concernés

Le syndrome de l’imposteur qui touche actuellement 7 Français sur 10 ne semble pas être réservé à un genre. Comme évoqué précédemment, 70% de la population en souffrirait à un moment de sa vie, hommes et femmes confondus. En revanche, certains psychologues et spécialistes du sujet admettent que ce syndrome touche plus facilement les femmes. Une étude a été réalisée dans le secteur de la Tech et montre que 50% des femmes ressentent fréquemment ce syndrome contre 39% chez les hommes.

Le sentiment d’imposture peut également toucher ceux qui sont promus rapidement, se retrouvant dans une position où ils se sentent dépassés. Marie Barbier précise : “Ce phénomène est souvent lié au fait de ne pas être au bon endroit au bon moment. Sur un même poste, un collaborateur pourra ne pas se sentir légitime et finira en burn-out alors qu’il pourra être en pleine confiance en reprenant le même job, quelque temps après, dans une entreprise différente. »

Ce syndrome peut se manifester de deux manières, parfois simultanément selon les individus :

  • Burn-out/surmenage : le collaborateur ressent le besoin constant de surpasser ses efforts pour combler un manque de confiance, souvent observé chez ceux se déclarant « trop perfectionnistes » en entretien.
  • Procrastination : pour d’autres, le syndrome peut se traduire par un stress intense, les poussant à remettre au lendemain les tâches à accomplir. 

« Pour éviter d’en arriver là, il est important de se connaître et de comprendre que certains environnements, certaines organisations internes ne peuvent pas convenir à tous les collaborateurs. Surtout lorsqu’on sait que des facteurs aggravants sont parfois à l’œuvre.  » conseille Marie Barbier.

Quels facteurs peuvent accentuer ce syndrome ? 

Chaque employé peut traverser une période de « syndrome de l’imposteur », souvent au prix de son bien-être, ce qui souligne l’importance pour les organisations et les managers de développer des outils pour aider leurs collaborateurs à surmonter ce sentiment. 

En réalité, certains types de gestion peuvent être des facteurs aggravants de ce syndrome chez les collaborateurs, parfois même en être à l’origine. Des cercles vicieux peuvent très vite se mettre en place. Plus les collaborateurs vont se sentir stressés dans leur travail, plus ils vont céder à la panique et seront contre-productifs. Un terreau fertile pour le sentiment d’imposture.

☞ L‘absence de communication va empêcher les victimes du syndrome de se confier et de demander de l’aide. Ces personnes ont pourtant un grand besoin d’échanger pour évoquer la surcharge de travail, pour s’affranchir de la compétition imaginaire qui leur gâche le quotidien.

☞ Une direction verticale excessive peut générer des situations propices au développement du syndrome. Face aux supérieurs hiérarchiques, certaines personnes vont redoubler d’ingéniosité pour bien se faire voir et vont enfiler un masque. Ne serait-il pas bénéfique de diminuer les échelons et d’envisager une organisation plus collaborative ?

Le manque de reporting et de feedback est idéal pour les « imposteurs » qui cherchent en permanence à être reconnu comme élève « star ». Avec des feedbacks permanents, ces personnes pourraient véritablement être rassurées et et cesser de jouer un rôle.

La reconnaissance en entreprise est nécessaire et cela contribue au bien-être des salariés et aide ceux qui ressentent ce syndrome de l’imposteur à réaliser l’impact positif de leur engagement et de leur travail.

5 conseils à déployer par l’entreprise pour vaincre ce syndrome de l’imposteur ?

Faire de son lieu de travail un environnement bienveillant permet de contrer le phénomène de l’imposteur

Une bonne structure de soutien, avec des outils et des opportunités de formation, peut aider dans ces situations. Chez Morning, Marie Barbier met en place des process visant à contrer les effets propices au syndrome de l’imposteur. Nous vous les partageons ci-dessous, à titre d’information.

  • Rester alerte côté RH : 

« Du côté des RH, dès que je repère quelqu’un travaillant excessivement ou dépassant son rythme habituel, je suis alertée et veille à vérifier son bien-être et sa place dans l’entreprise. J’informe les coordinateurs ou collègues et m’assure qu’il n’y a pas de problème. Si la personne travaille plus que les autres sans raison apparente, nous cherchons à l’accompagner, en utilisant des outils de coaching disponibles. Les RH doivent rester vigilants et fournir un soutien maximal à leurs collaborateurs.« 

  • Multiplier les occasions de partage : 

« Nous encourageons une communication ouverte pour que les collaborateurs se sentent à l’aise pour partager leurs préoccupations à tout moment, pas seulement lors des entretiens annuels. Chez Morning, lors d’un changement de poste, nous mettons en place une période probatoire pour nous assurer que le nouveau rôle convient à la personne et qu’elle dispose des outils nécessaires. Cela évite de laisser quelqu’un intégrer un nouveau rôle sans suivi, obligeant à des points réguliers pour s’assurer que tout se déroule bien. »

  • Créer un environnement bienveillant : 

« Éviter de mettre la pression sur les salariés, reconnaître le droit à l’erreur et créer un environnement bienveillant où les gens peuvent apprendre de leurs erreurs sans être punis, sont les clés pour un environnement sain. Il est essentiel de choisir un environnement professionnel adapté à sa personnalité pour s’épanouir et éviter le syndrome de l’imposteur. Reconnaître ses besoins et choisir un environnement qui correspond à sa personnalité est crucial pour maintenir la confiance en soi. Tout le monde n’est pas fait pour travailler dans le même type d’environnement. » 

  • Proposer un coaching personnalisé : 

« Nous avons des coachs et un outil appelé Coach Hello pour accompagner ceux qui rencontrent des difficultés. Nous proposons également des formations sur la gestion du stress et la prise de parole en public, dispensées par des sophrologues internes. La communication interne est ouverte pour que les collaborateurs se sentent à l’aise pour partager leurs préoccupations et nous permettre de mettre en place des nouveaux outils. »

  • Prendre le temps avant de s’engager : 

« Nous renouvelons automatiquement la période d’essai, considérant son importance pour le salarié et l’entreprise, surtout après la formation. Un mois avant la fin de la première période d’essai, nous effectuons un entretien approfondi pour évaluer le ressenti du salarié, s’assurer que tout est conforme à ses attentes, et identifier ses besoins. Si tout est satisfaisant, nous renouvelons la période d’essai et continuons à suivre le salarié avec des points réguliers, notamment un mois avant la fin, pour garantir son épanouissement et discuter de sa contribution à l’équipe. Autre point à souligner : chez Morning nous pratiquons la non-négociation des salaires car nous ne sommes pas tous égaux face à l’art de la négociation. D’une part, les meilleurs négociateurs ne sont pas toujours les meilleurs éléments, d’autre part, il ne faut pas défavoriser ceux qui ne négocient pas, en général les personnes touchés par le syndrome de l’imposteur. « 

Pour aller plus loin, voici le talk de l’entrepreneur et PDG Mike Cannon-Brookes au sujet du syndrome de l’imposteur, il vous explique comment l’utiliser à votre avantage. Avis aux intéressé(e)s :

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Vous savez à peu près tout sur les process mis en place chez Morning pour permettre à chacun de se sentir à sa place dans son travail. Si vous avez des idées pour enrichir le sujet, n’hésitez pas à nous les partager en commentaire dans le champ ci-dessous !
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Sarah SONNECK

Sarah rédige des beaux contenus pour mettre en lumière nos espaces de travail, nos engagements et les engagés de cette société !