Selon une étude réalisée par Opinion Way (2022), la détresse psychologique toucherait 41 % des salariés français, dont 14 % à un niveau élevé. D’après l’OMS, la santé mentale au travail est devenue un enjeu de société – le bien-être des employés n’ayant jamais été aussi menacé. Et pour cause, lorsque les conditions professionnelles affectent la santé mentale des employés, cela engendre de la détresse psychologique.
Harvard business Review a par ailleurs révélé que 72% des millennials ont déjà quitté leur job pour une raison liée à la santé mentale. A noter : 91% de ces millennials souhaitent que la culture de l’entreprise soit propice à la santé mentale.
Face à ce constat peu réjouissant, l’entreprise doit réagir et placer le bien être de ses collaborateurs au cœur de sa politique RH. Promotion du droit à l’erreur, feedback permanent, transparence de l’information… Elle dispose de mille leviers pour prendre soin de la santé mentale de son effectif.
Pour approcher le sujet, nous avons consulté Julia Néel Biz (cofondatrice de Teale) et Marie Barbier (DRH Morning) qui nous partagent quelques conseils pratiques.
Changer son regard sur la santé mentale avec Julia Néel Biz, Co-fondatrice de Teale
Depuis de nombreuses années, Julia Néel Biz est investie dans les sujets de santé mentale au travail. La co-fondatrice de Teale nous partage un état des lieux de la santé mentale des travailleurs français, pas forcément glorieux.
En préambule de notre échange, Julia rappelle la définition de l’OMS : « la santé mentale est un état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté ».
« Cette définition révèle une certaine façon de voir. En France, la santé mentale est trop souvent associée à la maladie ou au soin. Que nous serions bien inspirés de changer de regard ! Depuis la fin du Covid, on pouvait s’attendre à une baisse des cas de détresse psychologique. Or, voilà 3 ans que plus de 40% des salariés sont touchés par une détresse psychologique. 22% des arrêts maladie sont dus à un problème relié à la santé mentale.
De plus en plus d’organisations se penchent sur la question. Cette considération est parfois déclenchée par un événement extra-ordinaire (décès au sein d’une équipe, situation de harcèlement, etc.) qui nécessite un accompagnement spécifique, auprès de certaines personnes. Mais le plus souvent c’est dans une logique de prévention, avec la volonté d’accompagner les collaborateurs pour qu’ils prennent soin d’eux en amont des risques. »
☞ Prévenir les risques, identifier les signes avant-coureurs
« L’accompagnement Teale est à la fois individuel – pour aider chacun à prendre soin de soi de façon positive et préventive de manière personnalisée ; et collectif – pour transformer la culture d’entreprise et prévenir les risques au niveau de l’organisation. Notre approche est fondée sur les sciences cognitives et comportementales, mais aussi la data qui permet un suivi en continu de l’état de santé mentale des équipes, de façon confidentielle et anonyme bien sûr.
Certaines variations de données font apparaître des signes avant-coureur : « Moins de sens à mon travail » – « Sommeil dégradé » – “Moins envie d’aller au boulot le matin” – « Charge de travail trop élevée. » Ces décrochages sont symptomatiques d’une organisation qui dysfonctionne. Le coût d’une santé dégradée des équipes est bien réel !
On l’estime à 3 000€ / an / collaborateur. Ce montant s’explique par les départs non voulus, l’absentéisme et le présentéisme (plus compliqué à quantifier, mais bien réel lui aussi).
Comment faire en sorte que les collaborateurs se sentent bien dans leur tête ? Comment, collectivement, prévenir les risques ? Chaque structure doit instaurer des rituels pour sonder régulièrement l’état de son équipe puis agir en cohérence. Par exemple en mettant en place des formations, des moments d’échanges et ateliers – aussi bien du côté des collaborateurs (“Comment gérer son stress ?” ; « Apprendre à dire non ! ») que du côté des managers (ex : “Burn-out : comment détecter les signaux faibles ?”). »
Le conseil de Julia Néel Biz aux collaborateurs est simple : “Ecoutez-vous et priorisez votre santé mentale. C’est vous rendre un grand service, à vous-même, et à votre entourage. Mon conseil aux managers et aux leaders est de montrer l’exemple, d’assumer sa vulnérabilité, d’en finir avec le mythe du super héros ou de la super héroïne. En tant que leader, savoir équilibrer sa vie, reconnaître ses limites, ou observer le droit à la déconnexion par exemple, aura beaucoup de valeur car cela autorise les membres de l’équipe à faire de même. »
Santé mentale au travail : tout faire pour instaurer la confiance
Marie Barbier, DRH Morning, partage quelques conseils pratiques à appliquer en entreprise pour travailler dans un environnement sain.
Partager des pépins à ses proches, ou parfois même de simples ressentis, n’est déjà pas simple. Alors livrer ce genre de choses à son coordinateur ou à sa supérieure au boulot s’annonce encore plus épineux. Ne risque-t-on pas d’être jugé, d’être considéré comme un maillon faible ?
Pour Marie Barbier, l’entreprise doit contrer ces comportements d’auto-défense, en créant un cadre de confiance capable de libérer la parole, pour changer la lecture de certains rapports humains. Il ne s’agit plus d’avouer une faiblesse mais de partager un ressenti avec courage, il ne s’agit pas de s’excuser de quoique ce soit, mais de replacer les énergies au bon endroit.
Pour engager ou poursuivre cette transformation, Marie Barbier nous partage 4 pratiques déployées au sein de l’équipe Morning. Elle précise qu’il ne s’agit que d’inspirations particulières, chacun aura bien sûr sa manière de faire.
- Instaurez des routines rassurantes
« Choisissez les process qui correspondent à votre culture. Vous pouvez les inventer, mais sachez qu’un grand nombre de pratiques existe déjà. Chez Morning, nous nous efforçons de promouvoir le droit à l’erreur, d’obliger la pause et de pratiquer le feedback constructif. Alors à vous de jouer ! »
- Soyez disponible
« Le dialogue, les échanges ne doivent pas avoir un caractère exceptionnel. Moins il y aura de chichis ou d’apparat, plus les partages seront récurrents et spontanés. Concrètement, les dirigeants et l’équipe RH doivent dire et répéter leur disponibilité, quitte à les déclencher spontanément, sur des situations anodines. Il ne faut pas attendre les coups de “moins bien”. Comme la solution globale n’existe pas, il vous faudra accompagner chaque collaborateur, autant que possible. Une écoute “sur-mesure” sera la première étape de ce travail.«
- Inventez en équipe
« Je vais me répéter : la solution globale, valable pour tous, n’existe pas. L’idéal serait de faire du sur-mesure, mais le temps manquera toujours. Cependant, pour embarquer le plus de monde possible dans vos process, construisez-les avec votre effectif. Sondez vos salariés, organisez des ateliers, fixez les objectifs en commun. Il faut co-construire pour faire les meilleurs choix et instaurer un climat de confiance.«
- Privilégiez le “test & learn”
« Même lorsqu’on réfléchit collectivement à la meilleure des formules, l’humain n’offre aucune garantie de réussite a priori. Rien ne sert d’imaginer des stratégies à long terme, seule l’expérience compte. Optez pour une approche empirique, celle d’un “lab RH”. Testez vos idées, observez les résultats. En 2 mois, vous saurez si la formule était la bonne ou s’il vous faut réajuster. Et si c’est un échec retentissant ? Prenez ça comme une opportunité, vous allez pouvoir tester d’autres idées ! »
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Vous savez à peu près tout sur les process mis en place chez Morning pour permettre à chacun de préserver sa santé mentale. Si vous avez des idées pour enrichir le sujet, n’hésitez pas à nous les partager en commentaire dans le champ ci-dessous !
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☞ Comment trouver un bon équilibre « vie pro / vie perso » ?
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☞ La santé mentale au travail, avec Teale
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