Travailler seulement 4 jours par semaine avec un jour de repos supplémentaire, c’est possible ? Cela peut sembler utopique, mais c’est déjà une réalité pour près de 10 000 actifs en France, selon Gabriel Attal, ministre de l’Action et des Comptes publics, cité par L’Opinion.
Une enquête de 2022 menée par le Cabinet Robert Half auprès de 300 dirigeants français révèle que 22% d’entre eux proposent déjà la semaine de 4 jours à leurs employés, et 35% envisagent de la mettre en place au cours des 12 prochains mois.
Bien que l’initiative soit encore à ses débuts, plusieurs expérimentations sont en cours, et les premiers résultats semblent prometteurs. Ce nouveau rythme de travail promet un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, une augmentation de la productivité des employés, ainsi qu’un renforcement de l’image de l’employeur.
Ce nouveau rythme de travail pourrait bien incarner un modèle souhaitable pour l’avenir. Mieux encore, sa mise en pratique et son développement semblent avoir dépassé le stade de l’utopie.
Comment envisager un passage efficace à la semaine de 4 jours ?
La semaine de 4 jours signifie, comme son nom l’indique, le fait de travailler 4 jours par semaine au lieu de 5, avec 3 jours de repos. Cette approche vise à optimiser la productivité en reconnaissant les limites du système actuel. Les sollicitations fréquentes, comme les appels et les réunions, peuvent entraver l’efficacité, laissant peu de place au deep work.
La transition vers ce nouveau rythme nécessite un changement d’état d’esprit, privilégiant l’efficacité opérationnelle sur le présentéisme. Adopter une culture managériale basée sur la confiance, l’autonomie et la responsabilisation est essentiel. Les entreprises habituées à un management autoritaire peuvent rencontrer des défis, d’où l’importance d’une transition progressive vers une organisation plus flexible et efficiente.
Bien que la semaine de 4 jours soit encore peu répandue, elle semble gagner en popularité pour les années à venir. Un sondage d’ADP – service de paie et de solutions RH – révèle que :
- 60% des Français interrogés sont en faveur de cette idée,
- 83% seraient disposés à prolonger leurs journées de travail pour bénéficier d’un jour de congé supplémentaire.
Certaines structures hésitent à adopter ce rythme de travail, car cela requiert de l’humilité pour reconnaître que leur organisation n’est pas totalement optimale. Contrairement aux idées préconçues, les expérimentations ont montré que ce changement peut être mis en œuvre avec succès dans la plupart des secteurs.
Passer à 32h ou répartir les 35h : que choisir ?
Malgré les différentes normes établies par le code du travail, chaque entreprise est en mesure de décider la répartition des horaires de travail et le nombre de jours de présence de chaque salarié. Cette liberté les amène à répondre à une question simple : comment choisir la meilleure option ?
Il n’y a pas de modèle universel. Plusieurs formes de semaine de 4 jours existent, avec ou sans réduction horaire, avec ou sans baisse de salaire. Dans tous les cas, cela implique une réduction du temps de travail.
☞ Deux organisations sont possibles :
Pour mettre en place la semaine de 4 jours dans votre entreprise, vous avez deux options selon la loi :
- Réduire le nombre d’heures de travail hebdomadaires à 32 heures. Ainsi, vos collaborateurs peuvent profiter d’un jour de congé supplémentaire par semaine en travaillant 8 heures par jour.
- Augmenter la charge de travail quotidienne en répartissant les 35 heures hebdomadaires sur 4 jours.
Par exemple, chez LDLC, un acteur majeur de l’e-commerce informatique et high-tech, l’entreprise a adopté la semaine de 4 jours. Depuis janvier 2021, la quasi-totalité de ses 1 000 employés travaillent 32 heures sur 4 jours, sans aucune diminution de salaire.
Les entreprises peuvent choisir d’appliquer des journées de travail équivalentes en termes d’horaires, notamment pour les cadres au forfait jour. Le défi de ce nouveau rythme de travail réside dans le maintien de la productivité tout en travaillant moins, mais de manière plus efficace.
Instaurer la semaine de 4 jours : une réorganisation à suivre de près.
Un nouveau rythme de travail nécessite une décision ferme et un engagement du dirigeant, applicable à tous les collaborateurs. Lorsque ce choix est facultatif et laissé à la libre appréciation de chacun, les mises en oeuvre ne sont généralement pas concluantes. Pour mettre en oeuvre la semaine de 4 jours, il est important d’avoir certains points à l’esprit :
☞ Mener une phase de test :
Il est judicieux de commencer par des périodes d’expérimentation de 3 à 6 mois, clairement annoncées comme telles. Cela facilite un retour en arrière en cas d’échec du modèle
☞ Bien communiquer en interne :
De l’annonce du projet à son déploiement, la communication interne est d’une importance cruciale. Il est essentiel de rassurer les salariés, souvent débordés en 5 jours, en tenant compte des spécificités de l’entreprise, des profils des employés et de leurs préoccupations.
☞ Assurer le suivi du dispositif mis en place :
Le dirigeant doit incarner avec conviction le projet, alignant cette décision de changement sur la vision quotidienne de l’entreprise et du travail. Les collaborateurs assez « matures » vis à vis de leur rythme de travail, doivent participer à la conception de la nouvelle organisation cible. Un accompagnement externe pourra également encadrer au mieux cette transformation.
Il est recommandé d’imposer dès le départ les jours non travaillés, par exemple en laissant le choix entre le mercredi et le vendredi. Cela garantit la disponibilité simultanée de tous les salariés certains jours, facilitant l’organisation, la communication et les moments conviviaux.
Des premiers résultats bénéfiques pour ce nouveau rythme de travail
La semaine de 4 jours peut offrir à l’entreprise des avantages significatifs en termes d’attractivité et de marque employeur. Proposer ce nouveau rythme de travail peut s’avérer être un argument puissant pour attirer de nouveaux talents, en particulier dans des métiers où le télétravail n’est pas possible.
☞ Se poser les bonnes questions :
Avant de mettre en place ce nouveau rythme de travail, il est essentiel de prendre du recul et d’évaluer les résultats de la phase expérimentale en se posant quelques questions cruciales :
- Comment cela a-t-il affecté les employés en termes de bien-être, productivité, engagement et cohésion d’équipe?
- Quels ont été les impacts sur les revenus et/ou les clients?
- Comment cela a-t-il influencé les dépenses et la rentabilité?
Ces résultats permettent d’être mieux informé pour décider de la suite des événements : adopter officiellement ce modèle de travail, apporter des améliorations, ou peut-être même revenir à la situation initiale.
☞ Des résultats positifs, sous conditions
En général, les entreprises qui adoptent la semaine de 4 jours observent une amélioration du bien-être et de la productivité de leurs salariés. Peu d’entre elles regrettent le modèle précédent. Le succès de cette transition dépend de l’organisation du temps de travail, car elle ne se traduit pas toujours par une réduction des heures.
Une étude réalisée, en 2023, par La Tribune, journal économique et financier, révèle que 71 % des salariés ont constaté une nette réduction du niveau d’épuisement professionnel (burn-out). De plus, 39 % d’entre eux affirment ressentir moins de stress depuis la mise en place du programme.
En termes de productivité, cela dépend des activités et de l’organisation initiale du travail. Dans l’ensemble, les collaborateurs semblent être en meilleure forme et plus efficaces sur 4 jours. Ils sont plus reposés et motivés par ce nouveau rythme, ce qui se traduit par moins de moments d’inactivité, de pauses et de procrastination.
Vous savez à peu près tout sur La Semaine de 4 jours. Pour aller + loin, n’hésitez pas à écouter le podcast TAF par Jeanne Deplus dédié à la Semaine de 4 jours. Si vous avez des idées pour enrichir le sujet, n’hésitez pas à nous les partager en commentaire dans le champ ci-dessous !
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