Nouveaux usages

Vive l’intelligence collective (et féminine).

Les cerveaux humains, en s’assemblant, peuvent produire une intelligence supérieure.

La chose est prouvée scientifiquement. Reste à savoir comment se construit cette intelligence collective et quels sont les moyens à déployer pour pour produire cette intelligence ? Emile Servan-Schreiber partage ses éléments de réponse dans son ouvrage SUPERCOLLECTIF, paru chez FAYARD en octobre 2018. Une mine d’or pour les communautés de coworkers.

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Quelques idées préconçues à faire tomber d’entrée :

Ce n’est pas parce qu’un groupe compte un grand nombre de gens intelligents qu’il constituera un groupe intelligent. Selon une étude du MIT, l’intelligence d’un groupe est déterminée par la  sensibilité sociale de chacun et l’égalité du temps de parole entre les personnes en son sein. Les femmes étant nettement plus à l’écoute que les hommes, ce sont les groupes comptant le plus de femmes où les scores sont les meilleurs. (Note subliminale : serait-il temps que les petits garçons apprennent à être moins autocentrés ?)

Les caractéristiques d’un groupe intelligent

Le progrès technologique des 20 dernières années nous a tous rapprochés. Potentiellement, nous pouvons tous connecter nos intelligences. Mais ce potentiel déclenche-t-il pour autant un mouvement de foule… intelligente ? Et bien non. Pour que des intelligences collectives émergent, les groupes doivent s’organiser et suivre certaines règles. Pour Emile Servan-Schreiber, un groupe sera intelligent s’il répond notamment à 2 critères principaux :

#1 La diversité de points de vue et des schémas mentaux.
C’est la diversité des origines, des trajectoires, des cultures, qui vont permettre d’enrichir les débats et d’agréger les savoirs. A noter : les biais individuels s’annulent lorsque des dispositifs de confrontations vertueuses sont mis en place.

#2 L’indépendance d’esprit des membres du groupe.
Sans surprise, ce sont les points de vue originaux et anticonformismes qui permettent de nourrir la réflexion d’un groupe. Le rappel ne fera pourtant pas de mal : pour qu’un groupe soit intelligent, il faut impérativement laisser libre cours aux expressions, à l’indépendance de points de vue. Les groupes intelligents encouragent toutes les contributions, savent s’écouter.

Savoir recueillir les données, puis prévenir…

L’intelligence collective sert à améliorer deux fonctions cérébrales clés : la prévision et l’innovation. A l’échelle de l’entreprise, ces qualités se vérifient. Les entreprises les plus innovantes sont celles qui impliquent le plus d’employés dans leurs actions pour faire émerger des idées. Plus elles impliqueront de personnes dans leurs réflexions, plus elles seront créatives.

L’observation est aussi valable pour les capacités prédictives. Si l’intelligence artificielle est capable des meilleures prédictions en s’appuyant sur l’analyse de big datas, il se trouve des situations où la data n’existe pas – encore.  Dans ces cas-là, l’intelligence collective peut prendre le relais. Un groupe bien composé sera capable de réaliser de très bonnes prévisions. Attention toutefois à la synthèse des données. Emile Servan-Schreiber précise que seules des méthodes algorithmiques objectives offriront des résultats significatifs.

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Fini donc l’homme providentiel, nous voici entrés dans l’âge de l’intelligence collective, « troisième grande révolution de ce siècle, avec le big data et l’intelligence artificielle ». Un nouveau chapitre qui s’annonce un peu plus humain et chaleureux que ses deux prédécesseurs.

François Bénard

Responsable éditorial, Morning.

François est responsable éditorial chez Morning. Ce qu'il préfère dans cette aventure ? Les rencontres et les échanges avec les voisins pour se réinventer en permanence.