Le Silicon Sentier est un quartier d’affaires de la capitale, délimité par la rue du Sentier, le boulevard Sébastopol, le boulevard Poissonnière et la rue de Réaumur dans le 2ème arrondissement de Paris. Désigné comme la “Silicon Valley” française, le quartier du Sentier a toujours été un lieu de concentration d’activités commerciales. Depuis le XVIIème siècle, des amendements royaux ont encouragé l’essor de certaines professions artisanales dans le quartier. S’y sont succédés menuisiers, doreurs, marchands de tissus et de prêt-à-porter.
Au cours des 30 dernières années, la vie économique du Sentier s’est transformée pour laisser sa place aux activités tertiaires. Le quartier est aujourd’hui le repère du gratin de la French Tech parisienne et voit fleurir un grand nombre d’espaces de coworking. Tour d’horizon de l’histoire du quartier.
Aux origines du “Silicon Sentier”,
Une concentration historique d’artisans depuis le XVIIe siècle
Les prémices d’une installation commerciale dans la zone apparaissent dès le début du XVIIème siècle. En 1623, un décret royal de Louis XIII facilite l’installation des menuisiers dans le quartier. Des artisans de renoms s’installent dans le Sentier, certains répondant notamment aux commandes royales. À leurs côtés s’établissent des ornementistes et peintres doreurs, qui seront en exercice jusqu’à la moitié du XIXème siècle.
Parmi les célèbres dynasties de menuisiers installées au Sentier, on retrouve les Foliot – fournisseurs officiels du garde meuble du roi – et leur atelier “Au Duc de Bretagne”. À partir de 1850, des fabricants de tissus et des industriels du secteur textile prennent leurs quartiers au Sentier. La Compagnie française des Indes, entreprise coloniale importatrice de toiles de coton indiennes, y installe d’ailleurs son siège. Leur influence donne rapidement au quartier la réputation du “Centre de la mode”.
Selon le site Les vilains Parisiens « Le quartier devient l’un des lieux phares du prêt-à-porter dans la mode. Des étoffes y sont vendues, des modèles conçus et des pièces fabriquées pour le monde entier. Les tissus pouvaient être achetés au rez-de-chaussée et les vêtements conçus à l’étage. » Dès lors, les entreprises du secteur vont progressivement investir les murs du quartier. Un siècle plus tard, la confection textile bon marché sera véritablement la marque de fabrique du Sentier et connaîtra son âge d’or entre les années 60 et 80.
Dans les années 1990, le Sentier connaît un exode massif des artisans et commerçants du tissu. La faute aux rues trop étroites qui empêchent le passage des camions de livraison. La modernisation du transport et ce défaut de structure urbaine ont mis fin à l’ère du textile du Sentier, la crise de 2008 ayant accéléré ce dénouement. Le départ des professionnels du textile vers Aubervilliers a laissé place aux entreprises du web venues s’installer en nombre dans le quartier.
L’envol du Silicon Sentier à la fin des années 2000,
Le berceau de la French Tech parisienne
Depuis la fin des années 2000, l’association Silicon Sentier accompagne et parraine le développement des startups, structures jeunes, nouvelles et prometteuses. Par un nouveau système d’accélération et d’incubation de projets innovants et disruptifs, l’association est un véritable précurseur dans le milieu de la nouvelle French Tech. C’est en 2008 qu’elle lance La Cantine, le premier espace de coworking en France et Le Camping, le premier accélérateur de startups, est lancé en 2011.
En 2013, l’association inaugure NUMA, une agora d’entreprises innovantes à la fois pépinière, coworking et accélérateur de projets. L’organisation NUMA était située au 39 rue de Caire, avant que Morning n’y ouvre l’actuel Morning Sentier qui héberge la startup Swile – licorne française depuis octobre 2021.
Les bureaux Swile, rue du Caire (ancien QG de NUMA) 
Nouveaux bureaux du Bon Coin, UFO Sentier
Cette émulation d’innovation et de croissance a mené de nombreuses startup comme Totem à investir les lieux mais aussi des acteurs plus traditionnels de la French Tech parisienne comme Happn, Le Bon coin et Planity qui disposent de bureaux indépendants dans le Silicon Sentier. Le quartier concentre aussi une ribambelle d’espaces de coworking, franchisés par différents acteurs du marché. Des entreprises s’installant dans le quartier optent pour une location de bureaux en coworking dans des espaces Spaces, Deskeo, Les Nouveaux Bureaux et Morning.
Ce regroupement des acteurs du web s’explique notamment par la présence de réseau internet à haut débit, historiquement installé pour les besoins de la Bourse de Paris et des banques du quartier. Les anciens ateliers arborent de grandes verrières, très prisées par les entreprises. De nombreuses startups cherchent des espaces de travail à forte luminosité – à l’image du fantasme de la “startup californienne” aux bureaux baignés de lumière.
Si, au fil des âges, les secteurs d’activités des entreprises évoluent, le Sentier reste un quartier bouillonnant de la capitale prêt à toutes les reconversions.
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